Évolution du commerce de détail au 1er trimestre 2022

Ces jours-ci, plusieurs statistiques concernant le premier trimestre 2022 dans le domaine du commerce de détail ont été rendues publiques. Pour de nombreux commerçants, le mois de mars a été particulièrement difficile par rapport à mars 2021, et les chiffres d’affaires ne sont guère meilleurs en avril. Mais la comparaison avec l’année précédente est-elle vraiment appropriée ? Pour pouvoir faire une comparaison réaliste, ne faudrait-il pas éliminer toutes les particularités de l’année dernière ? Une comparaison avec l’année 2019 ne serait-elle pas beaucoup plus parlante ?

Comparaison avec le premier trimestre 2021 selon le moniteur de marché de GfK

Le moniteur de marché de GfK publié le 28 avril 2022 (env. 50 % de couverture du marché, surtout des grandes entreprises) montre que le premier trimestre présente une baisse de 9,5 % pour le secteur alimentaire, les assortiments non alimentaires évoluant avec -0,1 % latéralement .

Source: https://www.gfk.com/hubfs/website/editorial_ui_pdfs/GfK%20Markt%20Monitor%20Schweiz_1%20Quartal%202022.pdf

L’évolution du secteur alimentaire est simple à expliquer : Les gens retournent au travail, les restaurants et cantines sont de nouveau ouverts – la consommation dans ce secteur semble se normaliser.

L’explication pour le secteur non alimentaire est un peu plus difficile. Le commerce non alimentaire a « uniquement » pu maintenir la croissance de l’année précédente. Je dis « uniquement » parce qu’en 2021, la plupart des magasins du secteur non alimentaire ont été fermés pendant un mois et demi (et qu’en 2020, la consommation s’était totalement effondrée à partir de la mi-mars). L’un ou l’autre s’attendait probablement à un bond plus important pour les trois premiers mois (par rapport à 2021). Une explication pourrait être la suivante : Le commerce en ligne a perdu environ 13 % au cours des 3 premiers mois par rapport à l’année précédente. Les chiffres d’affaires sont repartis dans le commerce stationnaire et ont contribué à ce mouvement latéral dans l’observation globale.

Comparaison avec le premier trimestre 2021 selon l’OFS – Office fédéral de la statistique

Selon le communiqué de l’OFS, le mois de mars a certes connu une baisse. En revanche, si on tient compte du trimestre en entier, on constate une légère hausse de 0,7 % pour l’ensemble du marché (sans les carburants), une baisse de 6,8 % dans le segment alimentaire et une hausse de 10,3 % (!) pour le secteur non alimentaire. Les différences par rapport au moniteur de marché GfK sont particulièrement frappantes dans le secteur non alimentaire et difficilement explicables (un autre mix d’échantillons, une autre couverture du marché, etc.). Les chiffres relatifs au secteur alimentaire semblent faire l’objet d’une certaine unanimité.

Source : BfS – https://bit.ly/3OLbHrN

Comparaison du commerce en ligne en 2022 par rapport à 2021 selon le moniteur du commerce à distance

Depuis quelques années – et surtout depuis la pandémie – le développement du commerce en ligne suscite un grand intérêt. Sans surprise, les chiffres d’affaires du commerce en ligne ont légèrement baissé au premier trimestre 2022. Les chiffres d’affaires très élevés en 2021 – en raison des fermetures des commerces physiques – n’ont pas pu être maintenus. Au premier trimestre, il en a résulté une baisse de près de 13 % par rapport à l’année précédente. Comme expliqué plus haut, une grande partie de l’argent qui a conduit à la baisse des ventes dans le commerce en ligne a probablement été dépensée dans les magasins physiques.

Source : GfK/HANDELSVERBAND.swiss/Post Distanzhandelsmonitor

Une comparaison avec l’année précédente est-elle utile ?

Oui et non.

« Oui », parce qu’il est toujours important d’avoir des informations sur ce que le client achète et où il l’achète. Mais depuis la pandémie, le canal par lequel l’achat est effectué est devenu secondaire pour la plupart des commerçants. Que ce soit en ligne ou en magasin, l’essentiel est d’acheter « chez moi », peu importe le canal !

« Non », tout simplement parce que les chiffres des deux dernières années ont été faussés par les circonstances particulières et de nombreux facteurs exceptionnels.

Nous sommes d’avis qu’en 2022, les chiffres devront être comparés à la dernière année « normale » : 2019. Et cela révèle des choses étonnantes … accrochez-vous :

Le développement en ligne – une comparaison entre le T1 2019 et 2022

Pour être exhaustif, nous avons ci-dessous non seulement comparé le premier trimestre 2022, mais aussi 2021 avec les chiffres de 2019 :

Certes, il y a toujours des perdants. Mais si l’on jette un coup d’œil sur le tableau et que l’on tient compte de tous les assortiments, il n’y a, par rapport aux chiffres de 2019, pratiquement que des gagnants. Une croissance d’environ 50 % des chiffres d’affaires mensuels par rapport à 2019 n’a pas besoin d’explications. Il était prévisible qu’en 2022, les ventes ne continueraient pas à croître. Lors de notre présentation des chiffres annuels en mars, nous avons parlé d’une évolution latérale en 2022 – et nous continuons à être convaincus de cette prévision.

L’évolution globale du marché – Une comparaison entre T1 2019 et 2022 avec les données de l’OFS

Les données de l’OFS montrent également des évolutions presque toutes positives en comparant le premier trimestre 2022 avec 2019. Seul le commerce de textiles souffre encore et n’a pas pu se redresser complètement. Au premier trimestre 2022, le commerce de détail (sans les carburants) connaît une croissance d’environ 5,6 % par rapport à 2019. Avec un chiffre d’affaires en hausse de 10 %, le commerce alimentaire se situe au-dessus de l’évolution du non alimentaire. Mais le commerce non alimentaire s’est également bien développé.

L’évolution globale du marché – Une comparaison entre T1 2019 et 2022 avec les données de GfK

Pour terminer, nous faisons le même exercice avec les chiffres de GfK et nous comparons à nouveau le premier trimestre 2022 avec 2019. Et là encore, le même constat : par rapport à l’« année normale » 2019, le premier trimestre 2022 s’est en fait très bien développé. Le marché global ainsi que les marchés partiels sont en croissance.
Ce qui est étonnant, c’est que même si nous constatons d’énormes différences entre les chiffres mensuelles de l’OFS et de GfK, celles-ci se « normalisent » sur une plus longue série et se terminent par des résultats comparables.

Conclusion :

Dans une perspective à plus long terme, le commerce a connu un bon premier trimestre. Bien sûr, à première vue, la situation par rapport à l’année précédente ne parait pas si bonne. Mais par rapport à 2019, l’ensemble du commerce affiche une hausse, que ce soit en ligne ou en stationnaire. Il est impressionnant de constater que le commerce en ligne a progressé d’environ 50 % en 2022 par rapport à 2019, aussi bien pour les mois individuels que pour l’ensemble du premier trimestre. Et ce, même que les trois premiers mois de l’année 2022 aient enregistré une baisse de 13 % par rapport à l’année précédente ! Ou pour le dire plus crûment : La croissance du marché de 4,6 % au premier trimestre 2022 par rapport à 2019 est entièrement passée dans le commerce en ligne ! Mais si l’on y regarde de plus près, le bilan est bien sûr plus nuancé. Et si on va encore plus loin : les différentes branches montrent des différences significatives dans les évolutions – tant en ligne que pour le stationnaire. Et donc, ceux qui pensent que « seul le commerce en ligne gagne » se trompent autant que ceux qui pensent que la tendance se tourne à nouveau vers le commerce stationnaire.

Et que va-t-il se passer dans les prochains mois en termes de comparaison du chiffre d’affaires avec l’année précédente ? Le mois d’avril est à nouveau comparé à une année précédente très forte. Mais à partir de mai, les huit « mauvais » mois de l’année précédente serviront de base pour la comparaison. La pression devrait alors se relâcher.

Une chose semble cependant certaine : le commerce a pu surfer sur une énorme vague ces deux dernières années et de nombreux assortiments ont profité de la pandémie. Un jour ou l’autre, il faudra remonter sur la planche et aussi pagayer – « toujours surfer sur la vague » n’existe malheureusement que dans les rêves.

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